RP de Zolfo
Par un Lanjis particulièrement froid,
Danava, Déesse de la Nature et du Soleil quitta la Dilia
dans l’espoir de trouver une terre plus clémente dans le sud où se reposer.
En effet, elle devait se préparer à guider le Vina
sur les terres de Vesperae dans un avenir proche.
Quand Zandaros, le Dieu des Eaux et premier fils de Danava réalisa son départ,
il ne le crut tout d’abord pas, puis, après s’être rendu à l’évidence,
fût bouleversé qu’elle ne lui en ait pas parlé.
Pendant un temps qui lui sembla sans fin,
il passa de la mélancolie à la torpeur et finit par se rendre en colère chez Demonio
pour le supplier de faire cesser cette souffrance insupportable.
Le Dieu des Enfers le railla et l’envoya se faire voir chez Vanilius.
Le fils de Danava, qui ne voulait pas se faire humilier une seconde fois, alla plutôt consulter Donblas.
Le bienveillant Dieu de la justice écouta sa requête mais
ne voulut pas interjeter en sa faveur, son seul conseil était d’être patient.
Le Dieu des Eaux sortit de cet entretient hors de lui et alla jeter, de rage, toutes les vagues de l’océan
contre les flammes dressées en périphérie de la Dilia,
œuvre de Donblas et Demonio.
Ce dernier n’apprécia pas du tout ce geste mais comprit
qu’il était l’œuvre d’un être profondément blessé. Comprenant qu’il n’arriverait pas à le raisonner,
il entreprit de partir à la recherche de Danava.
Cependant, craignant que Zandaros ne persévère dans sa folie,
il créa à partir d’une flamme, un démon qui allait être chargé
d’alimenter la barrière de feu durant son absence.
Zolfo était né.
Zolfo, engeance magique du Dieu des Enfers,
est un être sans âge de constitution modeste.
Sa peau cramoisie est recouverte d’écailles qui le préservent de la chaleur des flammes.
Lorsque Demonio se trouve sur la Dilia, Zolfo est autorisé à vaquer sur Vesperae
où il aime par-dessus tout terroriser les humains grâce à ses cornes et à sa queue.
Sa cape de cuire d’un noir de jais et ses cheveux plus sombres encore,
font de lui un être royalement évité et tout l’or qui sertit sa cape
n’y a jamais rien changé.
VII
"Aredhel est imperare orbi universo."
Ghardilhon
- Origine -
Il existe des endroits en ces terres où il n’est jamais bon d’exhiber une joie trop intense aux yeux de certains…
Le paisible village de Naep l’ignorait apparemment, sans quoi ces citoyens l’auraient déserté depuis des siècles… L’ignorance peut devenir le pire ennemi de l’homme dans certaines situations, et cette année là, le jour ou les ténèbres avaient raison de la lumière, ce fut précisément le cas.
Tout le village s’était rassemblé dans la salle commune de la mairie pour quelques poignées de main, embrassades et discours plus ou moins bons. Lorsqu’ils eurent terminé, ils organisèrent un grand banquet où l’on avait fait venir les meilleures charcuteries et les millésimes de toute la contrée car la réjouissance d’une année aussi fructueuse que celle qui venait de passer se devait d’être fêtée dignement. La pièce était bondée, c’était une grande réussite et l’espace d’une soirée, toutes les querelles qui avaient pu éclater entre voisins, toutes divergences d’opinion politique ou religieuse et toutes animosités disparaissait pour le bonheur et la prospérité du petit bourg…
Malheureusement, Le village isolé dans les plaines de l’Est fut, cette nuit là, la victime d’un terrible fléau…
Peu de temps avant les douze coups de minuit, un orage d’une violence encore jamais vue en ces lieux éclata contre toutes attentes! Un vent froid venant de la mer traversait la forêt, agressant les arbres de cette dernière de son souffle glacé, pour venir mourir contre les façades des habitations. De la pluie transforma la neige immaculée en une boue noire. Les arbres, ébranlés par cette tempête soudaine, tombaient par dizaines, écrasant avec puissance les maisons éloignées dans un fracas assourdissant. Les personnes prise au piège dans la mairie commençaient lentement à cesser de plaisanter pour interroger, dans un silence grave, le ciel sur ce cataclysme.
Le vent faisait balancer avec vigueur les cloches de l’église et au moment où un son inhabituel commença à en être émis, la foudre s’abattit pendants quelques secondes avec une énergie folle et un rythme endiablé qui ne pouvait être considéré comme naturel.
Les enfants ne purent s’empêcher de hurler et les hommes entre eux ne se reconnaissaient plus !
Une atmosphère de folie s’empara de l’assemblée pendant de longs instants.
Puis, le vent se calma progressivement, ce qui arrêta le va et vient tumultueux des cloches. A partir de là, les nuages se dissipèrent aussi vite qu’ils étaient arrivé et la nuit se finit par les pleurs gérés tant bien que mal par les parents d’enfants dépités…
Depuis ce jour, on aurait dit qu’une malédiction avait frappé Naep…
Le jour du Vina, un torrent d’eau avait arraché de terre toutes les cultures des champs avoisinants. Succéda ensuite une sécheresse qui dura de longs mois. Les citoyens, confiants en leurs savoir faire et en leur terre ne prirent d’abord pas ce phénomène au sérieux mais lorsqu’au mois de Persu, aucun légumes n’était là pour nourrir leur famille, la peur silencieuse de devoir quitter leur village les prit à la gorge !
Le mois de Grimstel fut le plus chaud qu’ai connu le village depuis son établissement au milieu des plaines de la région. Les gens ne sortaient plus de chez eux la journée mais tentaient de nocturnes escapades lorsque les nuits étaient plus fraiches… Dans cette situation, les pères de familles redevenaient des bêtes avec leurs sens affutés et un instinct de trac inhabituel…
Dans la famille Mehaigne, des fermiers aisés, ces promenades nocturnes étaient très mal vues car le patriarche sentait que les autres hommes changeaient progressivement et il avait peur qu’ils ne soient plus capables de rester lucide dans toutes les situations…
De plus, il se devait d’être le premier défenseur de sa femme s’il devait se passer quelque chose…
Une nuit particulièrement lourde, M.Mehaigne se leva…
Il entendait au loin des cris mi-humain, mi-bestiaux dont il préféra ne pas se préoccuper.
Il retourna se coucher mais les idées se bousculaient dans sa tête et lorsqu’il parvint enfin à retrouver les bras de Dranigba, il devint fiévreux…
Deux heures environ avant l’aube, il se réveilla en sursaut, nageant dans sa robe de chambre. Il sortait d’un cauchemar, tout ses amis, toutes ses connaissances l’avaient abandonné, cela l’avait rendu sénile !
Ne sachant plus trop ou s’arrêtait ce rêve et où commençait la réalité, il se leva en titubant et en se tenant la tête. Il sortit de chez lui, ne cherchant rien de plus que de l’eau pour sortir de cette brume.
Au milieu du village, la fontaine ne fonctionnait plus et l’eau stagnante avait déjà eut raison de plusieurs malheureux.
Il continua son douloureux cheminement vers la mer. Celle-ci était d’un calme olympien mais peu lui importait, il la voulait fraiche !
Il rentra dans l’eau jusqu’au genou et s’aspergea la tête. Les premières gouttes perlèrent sur son dos et lui laissèrent un frisson. A cet instant, trop heureux de retrouver ses esprits, il n’écouta pas le son grave des cloches de l’église. Un son qui n’était pas le même que pour le Ganis… Un son plus solennel, plus grave.
Il se retourna vers l’église mais ne vit rien d’anormal. C’est lorsqu’il refit face à la mer que quelque chose lui glaça le sang. Une barque avançait sans voile ni rame vers lui. Les cris d’un enfant affamé en sortaient avec une énergie de désespoir…
L’homme, qui n’était pas très grand, du se pencher sur la barque pour voir l’enfant. Ce dernier était gris claire : il mourait de froid !
Il entreprit de le ramener rapidement chez lui quand il remarqua qu’à l’arrière de la barque était fixé, grossièrement par des cordes, un coffre d’où des pièces tombaient régulièrement avec le clapotis de l’eau…
Il hésita une seconde puis posa le bébé qui reprit son champs peu harmonique de plus belle, il prit le coffre qu’il soupesa d’une cinquantaine de livre et comprit qu’il ne pourrait aller bien loin, chargé de ce butin…
Il se dirigea alors vers les falaises et le posa dans une grotte à moitié envahie par l’eau.
Après avoir repris le nourrisson, il l’emmena chez lui ou son épouse prit soin du nouveau né sans poser de question malgré l’inquiétude marquée dans ses yeux.
En voulant lui retirer les lambeaux sales qui lui servaient de vêtement, elle fit une découverte à laquelle elle n’aurait pu s’attendre…
Un « sept » en chiffre romain d’environ un pouce de hauteur avait été gravé dans sa peau au moyen d’un fer chauffé à blanc semblait-il… Le chiffre était d’une grande beauté mais la peau autour était nécrosée et la moindre caresse près de cette zone entrainait irrémédiablement la victime dans une série de cris frénétiques de défense et de détresse…
Cet enfant venait d’on ne savait où, pour aller où Demonio seul savait, il portait sur lui un symbole dont personne ne connaissait la signification et qui restait sans doute la clé de son identité…
- Quête d'appartenance -
VII, tel était à présent le surnom auquel il répondait, avait grandi et nul terre d'accueil ne l'avait trouvé.
Il avait grandi, conscient de sa différence, et il pensait qu'au moment venu, il trouverait sa voie... Il le savait.
La violence le prenait depuis qu'il savait marcher et son entourage en avait payé à plusieurs reprises le prix.
Un an avant sa majorité, VII était devenu un jeune homme d'assez grande taille, il avait les cheveux d'un noir de jais, sa carrure suffisait parfois à faire renoncer un assaillant et lorsque celle-ci était insuffisante, il s'empressait de remettre l'idiot à sa place...
Sa peau était restée grisâtre et à chaque fois qu'on lui faisait sentir, il savait qu'il n'avait rien à faire à l'endroit où il se trouvait à l'instant...
VII savait simplement qu'il n'avait rien à faire parmi les hommes...
Néanmoins, il partit bientôt pour Trigorn, la cité portuaire de Vesperae. Cette idée fut confortée au moment où il lut le soulagement dans le regard de ses « parents ».
Cette ville était sans doute la plus diversifiée de toute la région. On y rencontrait toutes sortes d'hommes: des gardes ivres, des clochards battus par plaisir, des prostituées, des arnaqueurs peu scrupuleux, des tueurs à gage au visage fort peu sympathique...
VII crut qu'il pourrait se plaire dans cette bourgade tellement la différence était commune.
Mais il comprit tôt qu'il n'y avait pas que son apparence physique qui repoussait...
La noirceur de son âme était perçue telle une aura maléfique...
Il était jugé, sempiternellement, et il sentait que cela ne l'amuserait plus très longtemps...
Sa recherche de la vérité dans les plus grandes bibliothèques de Vesperae fût vaine.
Ainsi, il passa plusieurs mois de sa dix-septième année à traquer une chimère...
Dans cette course à l'origine, il feuilleta un grand nombre d'ouvrage ancien et l'un d'entre-eux retint son attention...
Mythes et légendes oubliés d'Aredhel
Ce livre était loin d'être complet et vérifiable; certains de ses passages auraient pu être lu pour endormir des enfants.
Cependant, son instinct lui pria de croire en l'existence d'un tel lieu...
N'ayant plus que son espoir et son souffle pour le raccrocher à la vie, VII prépara son voyage pour les plaines de Naep, non loin du village où il avait grandi.
La lecture de la description de certains êtres peuplant cet endroit privilégié lui serait sans doute utile. Ainsi il prit plusieurs notes sur des personnages tels qu’Ezekiel et Kehl, Nihilim,Allidhane, Gjallanorn, Tsukune, Kelin... La description de Sephi le prit au cœur... L'envie de pleurer le prit presque et il trouva cette sensation digne.
D'autres esprits erraient parmi les arbres et malgré son impatience, il en lut tous les chapitres.
La découverte de ce sanctuaire fût loin d'être aisée mais d'une certaine manière, lorsqu'il le trouva, cela chassa tout ses doutes. Il devait savoir si son intuition avait été la bonne. Il allait rencontrer ces êtres de lumières et leur parler.
Il en trouva certains, d'autres restèrent cachés à son approche. Cependant, de ces échanges, il sortit plus riche de son expérience.
Tous étaient aussi à leur manière des personnes uniques et leur âme formaient l'essence même de ce refuge ouvert à tous ceux qui le cherchait avec le cœur...
VII passa la moitié d'une année dans la forêt et auprès de ses habitants. Il apprit à les connaître d'une autre manière qu'osait en parler son livre.
Ce temps passé, il oublia le monde des hommes et le faite de devoir y retourner le tourmentait d'une peur sans visage.
C'est pourquoi il demanda à cette communauté de se réunir au cœur du lieu enchanté pour leur parler de son vœu le plus chère en ce monde...
L'honneur d'hanter à jamais Aredhel avec eux...
- L'acceptation -
Tous décidèrent qu'il était prêt à rejoindre leur communauté. Alors Kehl' l'emmena près d'un grand arbre de la plaine et lui demanda de s'endormir dans ses racines aussi noueuses soient-elles. VII cru d'abord que cela allait être inconfortable et qu'il n'arriverait jamais à s'endormir là mais une fois installé, la question ne se posa pas une seconde de plus. A son réveil, il se tenait dans un fauteuil de velours rouge près d'un grand feu de cheminée, Ezekiel qui l'observait sur le fauteuil d'à côté transperça son âme du regard et d'un sourire malicieux lui souhaita la bienvenue au Crépuscule !
Seuls les éclats de rire des autres personnes présentes dans la taverne purent le tirer de ce contact visuel envoutant, alors il se retourna et ne put que contempler la chaleur du bois qui ornait chaque surface de la bâtisse.